L’usage immodéré des psychotropes chez les jeunes de 0 à 26 ans: quel avenir pour notre jeunesse?

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Depuis vingt ans, la surconsommation de psychotropes chez les mineurs est dénoncée par différents experts, tout en étant minimisée ou banalisée par d’autres. Au cœur du débat, il s’agit de venir en aide aux élèves et aux étudiants confrontés à divers obstacles dans leurs sphères de développement, dont les attentes du milieu scolaire et de la société en général. Ce rapport dresse le constat de la consommation de quatre familles de psychotropes prescrits pour aider les enfants, les ados et les jeunes adultes de 2003 à 2023. Les auteurs analysent la situation sous l'angle clinique, politique et éthique. Quelque 50 recommandations sont adressées au Gouvernement du Québec.

L’augmentation du nombre d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes en difficulté concerne plusieurs pays. Toutefois, le Québec se distingue par des statistiques montrant que le recours à la médication prend une place alarmante pour aider ces jeunes à persévérer dans leurs études et prendre leur place dans la société.

Bien sûr, plusieurs initiatives institutionnelles et gouvernementales (Agir tôt, mobilisation institutionnelle, Réseau Réussite Éducative, directions régionales de la Santé publique, programmes ciblés par les centres de services scolaires, Réseau des petits déjeuners, diverses politiques touchant les jeunes, etc.) visent à soutenir les enfants et les ados dans leur développement personnel et social, mais est-ce suffisant si la consommation de psychotropes continue d’augmenter?

Se pourrait-il que la compréhension des difficultés des élèves et des étudiants soit mal cernée? Si oui, peut-on mieux identifier la part de responsabilité des parties prenantes qui devraient revisiter leurs pratiques? Par ailleurs, se pourrait-il que des intérêts corporatistes profitent de la situation pour engranger des gains politiques ou pécuniers au détriment des personnes vulnérables?

Précédemment, l’attention a été dirigée vers le taux de prescriptions de psychostimulants apaisant les symptômes du manque de concentration ou de retenue des élèves. Cette fois, quatre familles de psychotropes consommés par les moins de 26 ans sont analysées pour mieux cerner certains problèmes, mais aussi cibler des leviers qui devraient être considérés pour s’assurer que les interventions répondent mieux aux besoins en termes de développement global des jeunes à court, moyen et long terme.

Cette analyse a été réalisée au départ des données fournies par la Régie de l’assurance maladie du Québec, alors que l’Institut nationale de l’excellence en Santé et Services sociaux ne dispose d’aucune donnée autre que celles de la RAMQ. Le régime publique couvre les citoyennes et citoyens, ainsi que leurs enfants et adolescents, qui ne disposent pas d’une assurance santé privée orchestrée par leur employeur ou leur institution professionnelle, alors que cette couverture d’assurance est obligatoire pour tous les citoyens du Québec depuis 25 ans.

Le taux de prescription de quatre familles de psychotropes les plus administrés aux mineurs et jeunes adultes a fait l’objet d’une analyse sur les vingt dernières années: les psychostimulants généralement prescrits pour contrer le TDAH, l’agoniste sélectif de récepteurs adrénergiques prescrits de manière exceptionnelle pour réduire l’impulsivité, les antidépresseurs et les antipsychotiques qui traitent la dépression, l’anxiété et les psychoses, ainsi que divers troubles psychiatriques.

Considérant que la situation continuera de s’empirer sans mise en place d’initiatives gouvernementales courageuses, un Avis a été déposé en mars 2024 à François Legault, Premier Ministre du Québec, ainsi qu’aux ministres concernés par les recommandations, à savoir Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux, Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, Sonia Lebel, ministre responsable des ordres professionnels, Mme Christine Fréchette, ministre de l’Immigration, Mathieu Lacombe, ministre responsable de la Jeunesse, Jean-François Roberge, ministre de la Langue française, Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur et Mathieu Lacombe, ministre responsable de la Jeunesse, ainsi qu’au Secrétariat à la jeunesse, au Protecteur du citoyen et au Commissariat du lobbyisme.

Deux documents ont été publiés: 

     1) l’étude au complet, présentée sous forme d’avis au gouvernement du Québec,

     2) le résumé (faits saillants et grandes lignes).

Le résumé est en mode de lecture libre (ci-dessous), alors que l’Avis et, bien sûr, son résumé sont téléchargeable gratuitement.

 






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